La poesía es la única compañera. Acostúmbrate a sus cuchillos que es la única (Raúl Gómez Jattin)

30 marzo 2015

Entre nos - Rigoberto Paredes (Honduras, 1948-2015) - Entre nous

Debajo de tu falda se oyen ruidos extraños.
Algo se mueve allí entre tus piernas como sombra en el monte.
Se ven ciertas señales de vida en tus adentros (conchas algas espuma y mensajes de náufragos a salvo) toda esa tierna herencia de las altas mareas
Un viento favorable desordena el secreto follaje de tu cuerpo y a veces pareciera que hace buen tiempo en los alrededores de tu cama.
Tengo la sana intención de aclarar esas dudas una noche de estas.

Adara Sanchez Anguiano

Sous votre jupe des bruits étranges se font entendre. 
Quelque chose bouge entre vos jambes telle une ombre dans la montagne. 
Certains signes de vie sont perçus dans votre intérieur  (des coquilles d'algues, de la mousse, des messages de naufragés sains et saufs)
tout le doux patrimoine des grandes marées.
Un vent portant chahute le feuillage secret de votre corps 
et parfois il semblerait que le beau temps tourne autour de votre lit.
J'ai la saine intention de clarifier tous ces doutes une de ces nuits.

24 septiembre 2014

Roland Barthes, fragments d'un discours amoureux (Francia, 1915-1980) fragmento de un discurso amoroso

- Je quête ton plaisir, partout où il se cache.
- Mon plaisir se cache au bout de tes doigts...
(Dialogue)




” Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l’autre. 
C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. 
L’émoi vient d’un double contact : d’une part, toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l’alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-même) ; d’autre part, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire duquel je soumets la relation.”

El lenguaje es una piel: yo froto mi lenguaje contra el otro. 
Es como si tuviera palabras en lugar de dedos o dedos en mis palabras.
Mi lenguaje tiembla de deseo.
La emoción proviene de un doble contacto: Por un lado, toda la actividad de mi discurso viene, discretamente, indirectamente, a revelar un solo significado - "te deseo" - liberándolo, nutriéndole las ramas, haciéndole explotar (el idioma disfruta tocándose a si mismo).
Por otro lado, envuelvo al otro en mis palabras, lo acaricio, lo rozo, mantengo ese roce, me dedico a prolongar el comentario del cual someto la relación".

09 julio 2014

Samarcande (extraît) - Amin Maalouf (Líbano 1949) - Samarcanda (extracto)

Duane Michals


























Combien crois-tu qu'il y ait dans cette ville, à cet instant, d'amants qui, comme nous, se rejoignent?
C'est Djahane qui chuchote, espiègle. Omar ajuste doctement sa calotte du soir, il gonfle ses joues et sa voix.

- Voyons la chose de près: si nous excluons les épouses qui s'ennuient, les esclaves qui obéissent, les filles de rues qui se vendent ou se louent, les vierges qui soupirent, combien des femmes reste-y-il, combien d'amantes rejoindront cette nuit l'homme qu'elles ont choisi?

Semblablement, combien d'hommes dorment auprès d'une femme qu'ils aiment, d'une femme surtout qui se donne à eux pour une autre raison que celle de ne pas pouvoir faire autrement? Qui sait, peut être qu'il n'y a-t-il qu'une amante, cette nuit, à Samarcande, peut être n'y a-t-il qu'un amant. 

Pourquoi toi, pourquoi moi , diras-tu? 

Parce que Dieux nous a faits amoureux comme il a fait certaines fleurs vénéneuses.

Il rit, elle laisse couler des larmes.

- Rentrons et fermons la porte, on pourrait entendre notre bonheur.


Duane Michals
- ¿Cuántos amantes crees que, como nosotros, se encuentran en esta ciudad en este momento?

Es Djahane quien susurra, juguetona. Omar se ajusta sabiamente su capucha de noche e hincha sus mejillas y su voz.

- Veamos: si excluimos a las esposas aburridas, a las esclavas que obedecen, a las niñas de la calle que se venden o se alquilan y a las vírgenes que suspiran, ¿cuantas las mujeres quedan? ¿cuántas de éstas, amantes, se unen esta noche con el hombre que ellas mismas han elegido?
Del mismo modo, ¿cuántos hombres duermen con una mujer que aman, sobre todo con una mujer que se les entrega por una razón que no sea la de no tener otra alternativa?

Quién sabe, quizás sólo hay una amante de esta noche en Samarkand y quizás sólo hay un amante.

¿Por qué tú, por qué yo? te preguntarás. 
Porque dios nos hizo amantes de la misma manera que hizo algunas flores venenosas.

Él ríe, ella deja correr las lágrimas.

- Vamos a casa y cerremos la puerta, alguien podría escuchar nuestra felicidad.


(Dialogue entre la poètesse Djahane et le savant Omar Khayyam 
Diálogo entre la poeta Djahane y el erudito Omar Khayyam)


Duane Michals - La anunciación

12 junio 2014

Batania Neorrabioso

Foto: Ron Bernal


El amor debería escribirse sólo con onomatopeyas porque es anterior a la escritura y data de la exclamación, el suspiro, el gemido, el jadeo, el grito... 

L'amour devrait s'écrire seulement sous forme d'onomatopée, car il est antérieur à l'écriture. Il date de l'exclamation, du soupir, du gémissement, de halètement, du cri...

(Batania Neorrabioso)


19 abril 2014

Oración (Juan Gelman, Argentina / México 1930 - 2014) Prière

Fabrice-Bigot et Jane Burton - La-bas



Habítame, penétrame. 
Sea tu sangre una como mi sangre.
Tu boca entre a mi boca.
Tu corazón agrande el mío 
hasta estallar.
Desgárrame.
Caigas entera 
en mis entrañas.
Anden tus manos en mis manos.
Tus pies caminen en mis pies,
tus pies. 
Árdeme, árdeme.
Cólmeme tu dulzura.
Báñeme tu saliva el paladar.
Estés en mí como está la madera en el palito.
Que ya no puedo así, con esta sed quemándome.
Con esta sed quemándome.
La soledad, sus cuervos, sus perros, sus pedazos.
Habite-moi, pénètre-moi.
Que ton sang soit un, avec mon sang. Que ta bouche entre dans ma bouche. Que ton cœur agrandisse le mien jusqu'à l'exploser.
Déchire-moi.
Que tu tombes tout entière 
sur mes entrailles.
Que tes mains avancent dans mes mains.
Que tes pieds marchent dans mes pieds,
tes pieds.
Consume-moi, consume-moi.
Que ta tendresse me comble.
Que ta salive baigne mon palais.
Que tu sois en moi comme le bois est dans la branche.
Je ne peux plus de cette soif qui me brûle.
De cette soif qui me brûle.
La solitude, ses corbeaux, ses chiens,
ses morceaux.

16 febrero 2014

Buscamos - Idea Vilariño, Uruguay (1920-2009) - On cherche

Tina Modotti por Edward Weston

Cuando me subo al columpio la sangre se me precipita 
y si me empujan fuerte me entra la muerte chiquita
Quand je monte sur la balançoire tout mon sang s'accélère; 
et si l'on me pousse fort à la petite mort c'est similaire 
(Bambera. Inés Ortega, La niña del columpio

 L'orgasme est un paroxysme; le désespoir aussi. 
L'un dure un instant; l'autre, une vie.
El orgasmo es un paroxismo; la desesperanza también. 
El primero dura un instante. La segunda, una vida.
(Emil Cioran)


Buscamos
cada noche
con esfuerzo
entre tierras pesadas
y asfixiantes
ese liviano pájaro de luz
que arde
y se nos escapa
en un gemido.
On cherche
chaque nuit
péniblement
dans des contrés lourdes
et asphyxiantes
le léger oiseau de lumière
qui brûle 
et s'échappe
le temps d'un gémissement
















Azul...

04 enero 2014

In girum imus nocte...


In girum imus nocte ecce et consumimur igni 

Palíndromo en latín (se lee igual hacia adelante y hacia atrás). Se traduce "Damos vueltas en la noche y henos aquí, consumidos por el fuego". Sería la descripción poética del comportamiento de las mariposas nocturnas que giran alrededor del fuego hasta quemarse las alas...

Palindrome latin qui peut se traduire par "Nous tournons en rond dans la nuit et nous voici consumés par le feu". Ce serait une description poétique du comportement des papillons de nuit qui tournent autour du feu jusqu'à s'y brûler les ailes...
 

Proyecto de monumento en honor a la historia de amor entre el musulmán Alí y la católica Nino, rechazado por las autoridades de Batumi, Georgia.

27 noviembre 2013

Desnuda - Roque Daltón (El Salvador) - Nue

Egon Schiele - Liebespaar 1913

Amo tu desnudez 
porque desnuda me bebes con los poros,
como hace el agua
cuando entre sus paredes me sumerjo.

Tu desnudez derriba con su calor los límites,
me abre todas las puertas para que te adivine,

me toma de la mano como a un niño perdido
que en ti dejara quieta su edad y sus preguntas.

Tu piel dulce y salobre que respiro y que sorbo 
pasa a ser mi universo, el credo que me nutre;
la aromática lámpara que alzo estando ciego
cuando junto a la sombras los deseos me ladran.
Cabes en una copa vecina de mi lengua,
cabes entre mis manos como el pan necesario,
cabes bajo mi cuerpo más cabal que su sombra.
El día en que te mueras te enterraré desnuda
para que limpio sea tu reparto en la tierra,
para poder besarte la piel en los caminos,
trenzarte en cada río los cabellos dispersos.
Como cuando naciste de nuevo entre mis piernas.

 

J'aime ta nudité
car nue, tu me bois par les pores
comme le fait l'eau lorsque je plonge entre ses murs.
Avec sa chaleur ta nudité démolit les limites,
ouvre toutes les portes pour que je te devine,
me prend la main comme à un enfant perdu
qui aurait abandonné en toi, paisibles, son âge et ses questions.
Ta peau douce et salée que je bois et que je suce,
devient mon univers, la croyance qui me nourrit;
la lampe parfumée que je hisse quand, aveugle,
côtoyant les ombres, les désir m'aboyent.
Tu rentres dans un verre voisin à ma langue,
tu rentres dans mes mains, comme le pain nécessaire,
tu rentres sous mon corps, plus juste que sa sombre.
Le jour de ta mort je t’enterrerais toute nue,
pour que tu sois proprement repartie sur la terre,
et pouvoir ainsi baiser ta peau dans les chemins,
tresser dans chaque rivière tes cheveux dispersés.
Comme quand tu est née, à nouveau, entre mes jambes. 

16 noviembre 2013

Del erotismo y la pornografia - à propos de l'érotisme et de la pornographie

Al-Aṣma‘î rapporte: Je demandai un jour à un bédouin: connaissez-vous la passion, vous autres, au désert? Bien-sûr, me répondit-il, quiconque peut-il l’ignorer? Je lui demandai alors de me la définir et il me fit cette réponse: "c’est un baiser suivi d’un enlacement où l’on respire le parfum de l’aimée". Ce n’est point ainsi chez nous, lui dis-je. Il s’enquit: qu’est-elle donc pour vous? Je lui dis: “elle consiste pour l’homme à enjamber la femme et à coïter”. Il commenta alors: "cet homme a changé de sujet, le voilà qui parle de comment faire des enfants!
Al-Aṣma‘î relata : Un día le pregunté a un beduino "ustedes en el desierto, ¿saben lo que es la pasión?", "por supuesto - replicó - ¿quién podría ignorarlo?". Cuando le pedí que la definiera respondió : "Es un beso seguido de un abrazo durante el cual se respira el perfume de la amada". "No es así para nosotros", comenté. Y él inquirió: "¿y qué es entonces?". Le dije: "Es cuando un hombre emperna a una mujer y tiene coito con ella". Entonces el beduino exclamó: "Este hombre cambió de tema! ahora de lo que habla es de cómo se hacen los niños!".
(Abû Ḥayyân al-Taw ḥîdî, Al-Imtâ‘ wa-l-mu’ânasa, II)

La pornografía es el erotismo de los demás / La pornographie c'est l'érotisme des autres
(André Breton)

Terre érotique. Pintura encargada por Jacques Lacan a André Masson
para esconder "L'origine du monde" de G. Courbet

L'origine du monde - Gustave Courbet 1866
En su obra The Penguin Dictionary of Literary Terms and Literary Theory (1999), J.A. Cuddon define la poesía erótica como aquella que se concentra en los aspectos físicos del amor y la pasión. La pornografía, en cambio, enfatiza el acto sexual y se limita a la búsqueda de la excitación sensorial. Para el autor, ambas pueden ser de buena o de mala calidad. La diferencia radica en la manera en que cada una aborda el acto sexual y los objetivos que persiguen para hacerlo. En el prefacio de la antología Poesía erótica en traducción, J. P. Paes también distingue entre poesía erótica y pornografía. La última estaría más asociada a la comercialización; mientras que la primera buscaría ofrecer una representación del erotismo en su calidad de experiencia humana. (Spada Silva, F., 2011, Amor e erotismo na poesia de Hilda Hilts).
Desde el feminismo se ha elaborado una crítica acérrima de la pornografía por considerarla una mera industria del sexo, movida por un interés mercantil y mafioso, y porque desvirtuaría los logros de la revolución sexual. Las desigualdades mujer/hombre - reflejo de relaciones de poder igualmente asimétricas-, acercarían la pornografía al proxenetismo y a la prostitución, no sólo en su representación de lo femenino sino también como modo de explotación del cuerpo femenino (Julia Long, 2012, Anti-porn. The Resurgence of Anti-pornography feminism). En algunas de sus variantes, la postura feminista anti-pornografía ha derivado en críticas de carácter conservador que terminan por negar la diversidad de opciones individuales en materia de sexualidad (Ronee Screiber, 2008, Rethinking feminism. Conservative Women and American Politics). Si lo anterior es absolutamente objetable, lo cierto es que la mayor parte de las veces la pornografía es producida y consumida en maneras abusivas para con las mujeres.
En fin, sin duda alguna lo más cuestionable, lo imperdonable, de la pornografía es la sordidez con la que llena su vacío estético, su representación repetitiva y mecánica del acto sexual, su platitude cultural. En otras palabras, su pronunciada falta de imaginación y creatividad... eróticas.

Dans son ouvrage The Penguin Dictionary of Literary Terms and Literary Theory (1999), J.A. Cuddon définit la poésie érotique comme celle qui souligne les aspects physiques de l'amour et de la passion. Tandis que la pornographie, serait l'ouvre qui met en relief l'activité sexuelle, visant généralement à susciter l'excitation. Toutes les deux peuvent être de bonne ou mauvaise qualité. Pour Couddon, la différence se trouve dans la manière d'approcher l'acte sexuel et dans les objectifs poursuivis. Dans le préface de l’anthologie Poesía erótica en traducción J.P. Paes, fait aussi une distinction entre la poésie érotique et la pornographie. Cette dernière serait associée à la marchandisation; alors que la première chercherait à esquiser une représentation de l'érotisme en tant que forme de l'expérience humaine. (Spada Silva, F., 2011, Amor e erotismo na poesia de Hilda Hilts).
Des auteures féministes ont critiqué vivement la pornographie qu'elles perçoivent comme une simple industrie du sexe ayant uniquement des motivations mafieuses et commerciales, sapant ainsi les acquis de la révolution sexuelleLa dichotomie femme/homme - reflet des relations de pouvoir tout aussi asymétriques - rapprocherait la pornographie du proxénétisme et de la prostitutionnon seulement dans ses représentations de la féminité, mais aussi en tant que moyen d'exploitation économique du corps féminin (Julia Long, 2012, Anti-porn. The Resurgence of Anti-pornography feminism)Dans certaines de ses variantesle féminisme anti-pornographique ébauche des arguments à tel point moralisants et conservateurs qui terminent par le positionner contre la diversité des choix individuels en matière de sexualité (Ronee Screiber, 2008, Rethinking feminism. Conservative Women and American Politics). Si cette posture est -très- contestable, il n'est est moins vraie que la plupart de temps, la pornographie est produite et consommée de façon abusive à l'égard des femmes. Mais sans doute l'aspect le plus discutable, le plus impardonnable, de la pornographie, c'est la profusion sordide avec laquelle elle remplie son vide esthétique, sa représentation mécanique et répétitive de l'acte sexuel, sa platitude symbolique. En d'autres termes: l'absence prononcée d'imagination et de créativité... érotiques.

27 octubre 2013

A ti viva - Vicente Aleixandre (Sevilla 1898-1984) - à toi vivante

Celui qui n'a jamais gouté à l'interdit qu'il me jette la première pomme. 
Que aquel que nunca a probado lo prohibido me arroje la primera manzana
Adbellatif Laâbi
JR - Women are heroes

Cuando contemplo tu cuerpo extendido como un río que nunca acaba de pasar, como un claro espejo donde cantan las aves, donde es un gozo sentir el día cómo amanece. Cuando miro a tus ojos, profunda muerte o vida que me llama, canción de un fondo que sólo sospecho; cuando veo tu forma, tu frente serena, piedra luciente en que mis besos destellan, como esas rocas que reflejan un sol que nunca se hunde. Cuando acerco mis labios a esa música incierta, a ese rumor de los siempre juvenil, del ardor de la tierra que canta entre lo verde, cuerpo que húmedo siempre resbalaría como un amor feliz que escapa y vuelve...
Siento el mundo rodar bajo mis pies, rodar ligero con siempre capacidad de estrella, con esa alegre generosidad del lucero que ni siquiera pide un mar en que doblarse. Todo es sorpresa. El mundo destellando siente que un mar de pronto está desnudo, trémulo, que es ese pecho enfebrecido y ávido que sólo pide el brillo de la luz. La creación riela. La dicha sosegada transcurre como un placer que nunca llega al colmo, como esa rápida ascensión del amor donde el viento se ciñe a las frentes más ciegas.
 Mirar tu cuerpo sin más luz que la tuya, que esa cercana música que concierta a las aves, a las aguas, al bosque, a ese ligado latido de este mundo absoluto que siento ahora en los labios.
Quand je regarde ton corps étendu comme une rivière qui coule sans cesse, comme un miroir transparent dans lequel chantent les oiseaux, où sentir le jour levant c'est jouir. Quand je vois dans tes yeux, mort profonde ou vie qui m'appelle, chanson d'une profondeur que je ne fais que soupçonner; quand je vois ta forme et ton front serein, pierre lumineuse où mes baisers scintillent tel des rochers reflétant un soleil qui ne connaît pas de coucher. Quand j'approche mes lèvres à cette musique imprécise à cette rumeur pour toujours juvénile, ardeur de la terre qui chante au coeur du vert, corps humide, toujours glissant tel un amour heureux qui échappe et qui revient... Je sens le monde échapper sous mes pieds, tout léger, toujours en qualité d'étoile, toujours avec sa joyeuse générosité filante qui ne réclame même pas de mer pour se plier. Tout est surprise. Le monde brille et sent la soudaine nudité d'un océan frémissant, c'est cette poitrine fiévreuse et avide qui ne demande que l'éclat de la lumière. La création brasille. Le bonheur calme passe comme un plaisir qui n'est jamais comblé, comme la rapide ascension de l'amour où le vent se serre contre les fronts les plus aveugles. Regarder ton corps, illuminé par ta seule lumière, sans autre musique que celle qui rapproche les oiseaux, les eaux, la forêt au battement de cœur serré du monde absolu que je sens maintenant dans les lèvres.